Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Journal Du Fox - Korea
Publicité
Le Journal Du Fox - Korea
Archives
Le Journal Du Fox - Korea
30 août 2008

la greffe

Le voyage touche à sa fin - je vous assure, ça risque de venir vite - et ce fut un drôle de voyage au final.
Je n'aurais pas pensé vivre à ce point en expatrié classique, complètement greffé à la société et pas intégré d'un iota.
Mais pour le coup, c'est pas entièrement de ma faute. Certes j'avais besoin de me relâcher un peu à côté des études qui continuaient et j'ai souvent pris les choses comme elles se présentaient. Mais j'ai aussi fait des efforts !
Cependant il faut compter une énorme composante relative à la société coréenne à ce point refermée sur elle-même qu'on se sent vraiment comme des sortes de protubérances pas vraiment souhaitées mais au moins tolérées.
Je pense en effet qu'en vérité il y a un bon nombre de coréens qui seraient très contents de rencontrer des étrangers et de sortir un peu de leur sphère habituelle de connaissances. Mais d'une il est toujours plus facile de rester avec les siens bien confortablement, sans efforts particuliers à faire, chose commune à tous les peuples et qu'on remarque d'autant plus chez les communautés d'immigrés; de deux il y a réellement quelque chose d'ethno-centré chez eux.
Parce qu'on a beau aller de rencontres en rencontres, on se rend compte qu'au final on a enregistré 125 emails et numéros de portable - qu'eux-mêmes ont demandé expressément soit-dit en passant - mais que jamais on ne nous a rappelé ou même répondu une fois.
A vrai dire si, on répond mais par la négative à toute proposition.

Alors après tout, je suis certainement tombé sur les mauvaises personnes, puisque je vois bien des étrangers de temps à autres avec des coréens, mais un point commun ressort à chaque fois : ils les ont connu quelque part et pas par hasard. Ils ont pris des cours ensemble, ils ont eu une activité commune qui a permit la création d'un vrai lien. Il faut la dire merci au grand Confucius responsable de l'organisation de ce tissu social , bien loin de la vertu d'humanité prônée, qui fait qu'on ne rencontre quelqu'un UNIQUEMENT en étant présenté par quelqu'un d'autre.
Et c'est ici qu'on rejoint le sentiment de l'excroissance sur un corps. Quand un étranger arrive en Corée, en théorie, s'il n'est pas présenté à un coréen par des circonstances favorables (un échange quelconque, une activité commune, que sais-je), il devra rester avec les siens dans sa catégorie "Etranger" greffée à la société coréenne. Donc ne connaissant aucun Coréen en arrivant, je n'ai évidemment bénéficié d'aucune présentation à qui que ce soit, et je n'ai fait qu'enfreindre les règles (bien que le mot soit trop fort).
Je répète que j'ai très bien pu aussi faire de mauvaises rencontres, mais c'est un phénomène qui s'est trouvé être beaucoup plus répandu que ce que je pensais chez mes "compatriotes internationaux" (terme reflétant bien la dualité Monde vs. Corée).
On dirait qu'en moyenne sur 100 personnes rencontrées on n'arrive à en revoir autant qu'on a de doigts sur une main amputée... OK, sur une main normale. Peut-être.

Ce que je trouve d'autant plus étrange en y repensant, c'est combien on semblait s'entendre à merveille avec certaines personnes des fois, combien ils sont doués pour promettre bien des choses, et disparaître ensuite.
Je veux dire que s'ils comptaient dès le départ disparaître, bon, autant ne rien promettre quoi. Parce que tout venait d'eux, on ne demandait rien et puis nombre de rendez-vous ratés plus tard on se rend compte que tout était du vent. Il reste qu'effectivement sur le coup on a eu de très bonnes conversations avec des gens parfois plus ouverts d'esprits que ce qu'on aurait pu penser. Et je suis resté très prudent dans mes propos.

Peut-être qu'une prochaine fois ce sera plus fructueux d'une part (avec un véritable échange universitaire, ça semble plus facile aussi), et d'autre part on dirait aussi que nombre des coréens les plus intéressants sont déjà à l'étranger ! Logique, ils se sont rendus compte qu'il restait le monde autour d'eux, ils sont partis à sa rencontre.

Je ne peux vous faire ressentir la différence avec la Chine (pour ceux qui me demandent), car à partir du moment où on parle la langue c'est tout un monde qui s'ouvre de lui-même, qui souhaite s'ouvrir, et vous faire découvrir sa culture. Précisément le contraire, n'est-ce pas ?
L'autre grande différence étant qu'à mes yeux la plus grande richesse de la Chine est sa population. Classique, n'est-ce pas ? Non je l'entend au sens culturel; les gens sont d'une grande richesse et diversité comme je ne l'ai jamais vu. On trouve de tout, simplement de tout. Après on peut toujours se rendre en Chine pour ses palais, ses parcs, sa nature (euh non, oubliez ça, c'est mission impossible), mais ça ne constitue pas le coeur du voyage.
Comme on le disait avec un ami français (salut JB), ce qui doit être intéressant en Corée c'est précisément de trouver ces personnes différentes et qui sortent du lot. Malgré ces bonnes intentions il ressort que la tendance principale est telle qu'on n'a réellement qu'une tendance, un mode de vie qui comprend la mode, les comportements sociaux, et régie les relations à laquelle l'immense majorité semble soumise (si ce n'est consentante), et qu'il semble presque impossible de trouver quelqu'un aussi particulier soit-il qui ne exempté de ces œillères tant qu'il réside sur le sol coréen. D'autre part, la chasse à l'original paraît ardue et pénible si on n'a pas derrière une structure qui permet de mieux s'intégrer à la société.
Donc c'est râpé pour moi. Je tiens aussi à rappeler qu'on a clairement une majorité de personnes dans chaque pays qui est soumise à son mode de pensée, à sa culture. Cependant dépendant de chaque pays et culture on trouvera toujours des électrons libres qui réussissent plus ou moins à se détacher de cette vision, et du monocle teinté qu'on leur place devant les yeux dès la naissance.
Notre théorie reste qu'en Corée on trouve particulièrement peu d'entre eux. Et nombre d'entre eux restent plus ou moins empêtrés dans cette mélasse cérébrale. Il est toutefois possible que Seoul soit le coeur de la norme et qu'en province ce soit plus allégé, voire différent. Quoi qu'il en soit: SORTEZ DE CHEZ VOUS (eux comme vous).

On notera tout de même la même vision unilatérale de beaucoup d'occidentaux ici, qui peinent à se dépêtrer de leur propre mélasse. Donc la prochaine fois ça sera le tour des occidentaux d'y passer (pour le compte de toute l'Asie), avec un détour sur l'individualisme dont on nous taxe sans arrêt ici.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité